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Pour un débat public

"Faut-il + de pub à la RTBF?"

Le 2 mai 2007, 100 personnalités publient un "Appel" demandant à la Ministre de l'Audiovisuel Fadila Laanan de susciter l'organisation d'un vaste débat auprès du public sur le fait de savoir s'il faut davantage ou non de pub à la RTBF.
Ce débat doit se dérouler avant que le Parlement n'examine d'éventuelles modifications à apporter à deux décrets qui fixent les bases légales de la radiodiffusion communautaire.

Au menu de cette page:

  1. Communiqué de presse du 2 mai 2007 (à lire en premier lieu, contient davantage d'éléments que le texte de l'Appel lui-même)
  2. Liste des signataires
  3. Texte de l'Appel des 100
  4. Ils ne signent pas mais...
  5. À l'écoute de 90 minutes de propagande
  6. Suivis dans la presse
  7. Lancement d’une plate-forme associative

1. Communiqué de presse (diffusé le 2 mai 2007)

Juste dix ans après la présentation d'un "Appel" pour la création d'un journal télévisé quotidien pour les enfants qui aura pour conséquence la création des "Niouzz" par la RTBF, une centaine de personnalités adhèrent à une nouvelle revendication: elles demandent l'organisation d'un grand débat public concernant la présence de la publicité sur les antennes du service public: en faut-il davantage, convient-il d'adopter un stato quo ou faut-il préparer la suppression de la publicité à court ou moyen terme?

Qui?

Parmi les protagonistes de cet "Appel des 100", on retrouve une vingtaine de personnalités politiques parmi lesquelles Jean-Luc Crucke (MR), Francis Delpérée (CDH) ou Isabelle Durant (ECOLO). Le secteur associatif et syndical est bien présent: la CSC, la Ligue des Familles, le MOC, la Ligue des Droits de l'Homme, les Equipes Populaires, le CNCD, CADTM, l'ARAU, etc. Le Crioc et Test Achats représentent les intérêts des usagers. On note aussi les signatures de nombreuses personnalités universitaires ou spécialisées dans le domaine de l'éducation aux médias et à la publicité: Hervé Brindel (GSARA), Thierry De Smedt (UCL), Jean-François Dumont (IDEJ), Pascal Durand (Ulg), Benoît Grevisse (Observatoire du Récit Médiatique), , Jean-Jacques Jespers (ULB), Marc Sinnaeve (IHECS), Patrick Verniers (Média Animation), etc. Ecrivains, metteurs en scènes, auteurs de BD, musiciens, chanteurs, représentants du monde du cinéma, graveurs rehaussent de leur présence cet Appel: Nicolas Ancion, Thomas Gunzig, Jean-Luc Outers, Richard Kalisz, Gos, Marc Moulin, Christiane Stefanski, Pierre-Paul Renders, Philippe Moins, Dacos...

Pourquoi?

Pendant que les responsables politiques débattaient de l'euthanasie ou du vote des étrangers, la RTBF traitait de ces thèmes dans ses émissions d'information et notamment dans "Mise au Point". Il en est de même pour tous les autres grands sujets de société à l'exception d'un seul, celui du développement publicitaire dans le service public.

En 2006, pendant les six mois durant lesquels les parlementaires se penchèrent sur le nouveau contrat de gestion de la RTBF, Jean-Paul Philippot, l'administrateur général du service public, a en effet exigé que la RTBF respecte une stricte neutralité et ne priviliégie aucun point de vue.

On peut éventuellement comprendre ce positionnement car, sur ce thème, la RTBF est juge et partie, mais dès le contrat de gestion signé, cette consigne du silence fit place à celle de la propagande! Le seul programme sur l'évolution des règles publicitaires ertébéennes auquel eut droit le public sera une discussion radiophonique d'une heure trente dont le panel était composé de deux responsables de la RTBF et de la directrice du Conseil de la Publicité. Aucun représentant du secteur associatif impliqué n'y fut convié. Sur cette thématique, la RTBF n'a donc pas respecté son obligation d'offrir à ses usagers "une information objective, honnête, indépendante, rigoureuse, pluraliste, complète, analytique, interpellante et suscitant la réflexion et le débat sur les enjeux démocratique de la société".

Rebelotte!

Il est significatif que constater que le magazine d'investigation "Questions à la Une" d'habitude si concret et interpellant sur les difficultés de tous genres surgissant en Communauté française a réussi à aborder à deux reprises la thématique publicitaire: en scrutant la publicité pour enfants (obésité, etc.) sans évoquer la "règle des 5 minutes" au moment où celle-ci était remise en question par le gouvernement (interdiction de diffuser de la publicité durant les 5 minutes qui précèdent et suivent les émissions destinées aux moins de 12 ans), ou en faisant le point tout récemment (04/04/2007) sur les nouvelles formes de publicités, ne pipant mot sur les évolutions annoncées dans le nouveau contrat de gestion de la RTBF.

Et pourtant, le débat intéresse un large public de plus en plus inquiet par l'omniprésence des publicitaires dans l'espace public. Ne faudrait-il pas s'interroger très sérieusement sur le fait de savoir s'il faut favoriser ou non le renforcement de la présence des annonceurs à la RTBF au moment précis où, pour lutter contre le réchauffement climatique, il va falloir probablement induire un ralentissement drastique de la consommation?

Comment?

Face à cette situation opaque, l'"Appel des 100" exige que "ce débat ne soit plus confisqué à la population". Une solution existe.
Depuis le 1er janvier dernier, les nouvelles règles concernant la publicité prévues dans le nouveau contrat de gestion voient leur application gelée. En effet, la Ministre de l'audiovisuel Fadila Laanan et la Direction de la RTBF les ont signées anticipativement. Il faut encore que le Parlement modifie deux décrets qui constituent les bases légales de la radiodiffusion communautaire. Ainsi, la majorité au pouvoir et la RTBF ont tenté d'imposer par la voie du fait accompli leur vue aux Parlementaires. Ces derniers vont donc devoir prochainement ouvrir le débat et éventuellement amender les deux décrets concernés. Il s'agit ni plus, ni moins de savoir si la RTBF pourra engranger davantage de recettes publicitaires jusqu'en 2012 et si le feu vert lui sera également accordé ainsi qu'aux autres télévisions de la Communauté française pour qu'elles puissent avoir recours à la publicité interactive ou virtuelle, aux écrans partagés, etc. Il est donc indispensable que le public puisse enfin être largement informé et débattre de ce thème de société qui influence son quotidien avant que le Parlement ne se saisisse de ce dossier.

La revendication

En conséquence, l'"Appel des 100" demande à la Ministre de l'audiovisuel d'inviter le Ministère de la Communauté française à organiser de manière pluraliste (enfin!) ce débat public à la manière des Etats Généraux de la Culture.

Parmi les questions à poser: faut-il privilégier une augmentation ou un statu quode la pub? Notre service public pourrait-il (re)devenir rapidement une chaîne télévision sans publicité comme sa consoeur flamande, la VRT? Pourquoi ne pas adapter à la Communauté française la 81ème proposition du Pacte Présidentiel de Ségolène Royal: "Taxer les recettes publicitaires des chaînes privées en faveur de l'audiovisuel public"?

Enfin, si l'on envisage le développement des rentrées publicitaires à la RTBF, il faut alors également s'interroger sur les répercussions négatives qui pourraient en découler sur l'état de viabilité déjà précaire de la presse écrite dû notamment à la diminution significative des investissements de ses annonceurs depuis les années '90.

Une proposition socialiste

Ce 25 avril 2007, le sénateur Jean Cornil (PS) a réagi ainsi à l' Appel: "...La RTBF pourrait-elle devenir une chaîne sans publicité? Plus qu'un débat, cette question mérite que soit organisé une véritable réflexion réunissant différents experts capables de mettre sur la table des pistes alternatives de financement de la RTBF et qui ne mettent pas en péril les autres politiques de la Communauté Française (...). Je suis prêt, avec d'autres au PS, à participer à une telle initiative...".

La proposition du sénateur va dans le même sens qu'une revendication émise par Bernard Hennebert, l'initiateur du présent "Appel des 100", lors de son audition au Parlement de la Communauté française, le15 février 2006: "... C'est clairement au monde politique et à la direction du service public qu'il revient d'organiser et de financer une enquête fouillée pour analyser les évolutions sur le financement, sur la gestion du personnel et sur le choix des programmes qu'occasionneraient une suppression de la publicité et du sponsoring à la RTBF.

L'Association des téléspectateurs actifs (ATA) avait naguère déjà lancé une demande en ce sens aux différents ministres socialistes et libéraux qui traitèrent les matières de l'audiovisuel, depuis Philippe Mahoux: en vain! De nombreuses enquêtes sont réalisées, avec des financements publics, pour évaluer les effets de programmes audiovisuels: par exemple, sur la violence. Et pourquoi pas sur les conséquences de l'influence publicitaire et des remèdes qui pourraient être apportés à ses éventuels effets nuisibles, dont (pour ne prendre qu'un exemple parmi tant d'autres) le développement ostensible de la diffusion d'images de violence gratuite... Il y a là clairement un tabou qu'il convient de dépasser rapidement...".

Cette réflexion d'experts (à condition que ceux-ci soient indépendants) esquissée par le représentant du PS pourrait nourrir utilement le débat auprès du public exigé par l' "Appel des 100". Ces différentes initiatives devraient se mettre en place le plus rapidement possible puisqu'elles doivent se dérouler avant que les deux décrets ne soient réexaminés au Parlement.

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2: Liste des 100 premiers signataires de l'Appel des 100

  • Marc Abramowicz (psychothérapeute),
  • Philippe Andrianne (secrétaire général de La Ligue des Familles),
  • Nicolas Ancion (écrivain),
  • Fabienne Aucant (programmatrice Les Halles de Schaerbeek),
  • Laurent Arnauts (directeur du "Journal du Mardi"),
  • Jean Bricmont (professeur UCL),
  • Mohammed Boukourna (député PS à la Chambre),
  • Christian Brotcorne (président du groupe CDH du Sénat),
  • Hervé Brindel (Parapub au GSARA, Groupe socialiste d'action et de réflexion sur l'audiovisuel),
  • Marcel Cheron (président du groupe Ecolo au Parlement de la Communauté française),
  • Michel Collon (journaliste, écrivain),
  • Raymond Coumont (président de la CSC Wallone),
  • Jean-Luc Crucke (député – bourgmestre MR),
  • Dacos (graveur),
  • Georges Dallemagne (secrétaire national CDH),
  • Martine Dardenne (sénatrice honoraire),
  • Philippe Defeydt (économiste),
  • Jean-Marie Dermagne (bâtonnier du Barreau de Dinant),
  • Corinne De Permentier (députée fédérale MR, ancienne Ministre de l'Audiovisuel),
  • Monika Dethier-Neumann (députée wallone et germanophone Ecolo)
  • Michel Devriese (coordinateur de la Fondation pour la santé dentaire),
  • Carlo Di Antonio (coordinateur Dour Festival, député CDH),
  • Michele Di Nano (président communautaire des Equipes Populaires),
  • Yves de Jonghe d'Ardoye (député et échevin à Ixelles),
  • Anne-Sophie de Dekeyser (rédactrice en chef du bulletin du LIBREX),
  • Christian Delcourt (administrateur de la télévision locale RTC),
  • Céline Delforge (députée bruxelloise Ecolo),
  • Paul Delmotte (professeur à l'IHECS),
  • Francis Delpérée (sénateur CDH et professeur à l'UCL),
  • Gilbert Demez (professeur UCL),
  • Thierry De Smedt (professeur, UCL),
  • Josy Dubié (sénateur Ecolo),
  • Jean-Philippe Ducart (porte-parole de Test Achats),
  • J-F. Dumont (président de l'Institut de Journalisme, maître de conférence à l'UCL),
  • Pascal Durand (professeur au Département des arts et sciences de la cummunication, Ulg),
  • Isabelle Durant (sénatrice et secrétaire fédérale d'Ecolo),
  • Bernard Duterme (directeur du Centre tricontinental, louvain-la-Neuve),
  • Marc Elsen (député CDH),
  • Jean Flinker (Attac-Bruxelles),
  • Philippe Fontaine (député wallon et communautaire MR),
  • Bernard Francq (professeur, Unité d'anthropologie et de sociologie, UCL),
  • Ezio Gandin (administrateur des Amis de la Terre),
  • Zoé Génot (députée fédérale Ecolo),
  • Nadia Geerts (philosophe, présidente du Cercle Républicain),
  • Michèle Gilkinet (présidente de GRAPPE),
  • Jean-Baptiste Godinot (président de Respire),
  • Goossens Roland dit Gos (auteur BD, Le Scrameustache),
  • Thomas Gunzig (auteur),
  • Benoît Grevisse (professeur à UCL, Observatoire du récit médiatique),
  • Bernard Hennebert (coordinateur de Consoloisirs.be),
  • Nico Hirtt (essayiste, membre de l'Appel pour une école démocratique),
  • Thierry Jacques (président du Mouvement Ouvrier Chrétien),
  • Jean-Michel Javaux (secrétaire fédéral et porte-parole d'Ecolo),
  • Claude Javeau (professeur émérite ULB),
  • Jean-Jacques Jespers (professeur ULB),
  • Richard Kalisz (metteur en scène et professeur),
  • Kanar (dessinateur de presse),
  • Françoise Klein (directrice Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc Bruxelles),
  • Paul Lannoye (député honoraire européen),
  • Bernard Legros (Résistance à l'Agression Publicitaire),
  • Philippe Leruth (membre du comité directeur de la Fédération Européenne des Journalistes),
  • Jacques Liesenborghs (ancien vice-président du CA de la RTBF),
  • Paul Löwenthal (économiste, prof. émérite à l'UCL),
  • Xavier Löwenthal (auteur, éditeur, éd. La 5e Couche),
  • Gilles Martin (éditeur Aden),
  • Yves Martens (coordinateur du Collectif Solidarité Contre l'Exclusion),
  • François Martou (professeur émérite à l'UCL),
  • Jacqueline Miller (membre du Bureau Européen de l'Environnement),
  • Philippe Moins (directeur artistique Anima),
  • P-Y. Monette (expert en bonne gouvernance, professeur au Collège d'Europe),
  • Marc Moulin (musicien, auteur),
  • Jean-Marc Nollet (député fédéral Ecolo, ancien vice-président du CA de la RTBF),
  • Jean-Luc Outers (écrivain),
  • Christian Panier (magistrat, enseignant UCL et IHECS),
  • Isabelle Pauthier (directrice de l'ARAU),
  • Bruno Ponchau (conseiller provincial Ecolo , Brabant-Wallon),
  • Jean-Paul Procureur (député CDH),
  • Yves Reinkin (député Ecolo au Parlement de la Communauté française),
  • Pierre-Paul Renders (réalisateur),
  • Anne-France Rihoux (secrétaire générale Inter-Environnement Bruxelles),
  • Jorge Rozada (directeur d'école fondamentale),
  • André Ruwet (rédacteur en chef Imagine – Demain le monde),
  • Christiane Stefanski (chanteuse interprète),
  • François Schreuer (Les démonteurs de pub)
  • Henri Simons (PS),
  • Marc Sinnaeve (professeur à l'IHECS),
  • Sondron (dessinateur de presse),
  • Eric Toussaint (président de CADTM Belgique),
  • Georges Trussart (sénateur honoraire),
  • Marc Vandercammen (directeur général du CRIOC),
  • Benoît Van der Meerschen (président de la Ligue des Droits de l'Homme),
  • Felipe Van Keirsbilck (président du comité bruxellois de la CSC),
  • Dan Van Raemdonck (professeur ULB, président d'honneur de La Ligue des Droits de l'Homme),
  • Patrick Verniers (directeur Média Animation, secrétaire général Charte Européenne pour l'éducation aux médias),
  • Marie-Noëlle Vroonen-Vaes (La Meute – Belgique),
  • Grégoire Wallenborn (chercheur, ULB),
  • Paul Wattecamps (concepteur Télévision du Monde),
  • Michel Wautot (président Hommes et patrimoine),
  • Arnaud Zacharie (directeur de recherche au CNCD), etc.

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3: Texte de l'Appel des 100

Pour davantage de publicité à la RTBF?
Que le débat ne soit plus confisqué à la population

En guise de résumé:

Les signataires du présent "Appel" ne tiennent pas à entamer ici le débat "Faut-il davantage de rentrées publicitaires à la RTBF ou non?".

Ils constatent simplement que ce débat est actuellement confisqué à la population. Ils exigent donc qu'il ait lieu et souhaitent que la Ministre de l'Audiovisuel invite le Ministère de la Communauté française à l'organiser avant que les parlementaires n'en soient à leur tour saisis prochainement lorsqu'ils seront invités à modifier (ou non) deux décrets qui limitent actuellement la publicité sur le service public.

Texte de l'Appel

Pendant que les responsables politiques débattaient de l'euthanasie ou du vote des étrangers, la RTBF traitait de ces thèmes dans ses émissions d'information et notamment dans "Mise au Point". Il en est de même pour tous les autres grands sujets de société à l'exception d'un seul, celui du développement publicitaire dans le service public.

En 2006, pendant les six mois durant lesquels les parlementaires se penchèrent sur le nouveau contrat de gestion de la RTBF, Jean-Paul Philippot, l'administrateur général du service public, a en effet exigé que la RTBF respecte une stricte neutralité et ne priviliégie aucun point de vue.

On peut éventuellement comprendre ce positionnement car, sur ce thème, la RTBF est juge et partie, mais dès le contrat de gestion signé, cette consigne du silence fit place à celle de la propagande! Le seul programme sur l'évolution des règles publicitaires ertébéennes auquel eut droit le public sera une discussion radiophonique d'une heure trente, le 23 octobre dernier, sur La Première. Le panel était composé de deux responsables de la RTBF et de la directrice du Conseil de la Publicité. Aucun représentant du secteur associatif impliqué n'y fut convié (La Ligue des Familles, Le CRIOC, etc.), pas plus que les associations anti-publicitaires (RAP, Respire). Sur cette thématique, la RTBF n'a donc pas respecté son obligation d'offrir à ses usagers "une information objective, honnête, indépendante, rigoureuse, pluraliste, complète, analytique, interpellante et suscitant la réflexion et le débat sur les enjeux démocratique de la société" (contrat de gestion, article 17, point 2).

Et pourtant, le débat intéresse un large public de plus en plus inquiet par l'omniprésence des publicitaires dans l'espace public. Ne faudrait-il pas s'interroger très sérieusement sur le fait de savoir s'il faut favoriser ou non le renforcement de la présence des annonceurs à la RTBF au moment précis où, pour lutter contre le réchauffement climatique, il va falloir probablement induire un ralentissement drastique de la consommation?

Heureusement, ce déni démocratique d'information et de débat pourrait être réparé!

Depuis le 1er janvier dernier, les nouvelles règles concernant la publicité prévues dans le nouveau contrat de gestion voient leur application gelée.

En effet, la Ministre de l'audiovisuel Fadila Laanan et la Direction de la RTBF les ont signées anticipativement. Il faut encore que le Parlement modifie deux décrets qui constituent les bases légales de la radiodiffusion communautaire. Ainsi, la majorité au pouvoir et la RTBF ont tenté d'imposer par la voie du fait accompli leur vue aux Parlementaires.

Ces derniers vont donc devoir prochainement ouvrir le débat et éventuellement amender les deux décrets concernés. Il s'agit ni plus, ni moins de savoir si la RTBF pourra engranger davantage de recettes publicitaires jusqu'en 2012 et si le feu vert lui sera également accordé ainsi qu'aux autres télévisions de la Communauté française pour qu'elles puissent avoir recours à la publicité interactive ou virtuelle, aux écrans partagés, etc.

Il nous semble donc indispensable que le public puisse enfin être largement informé et débattre de ce thème de société qui influence son quotidien avant que le Parlement ne se saisisse de ce dossier.

Nous demandons donc à la Ministre de l'audiovisuel d'inviter le Ministère de la Communauté française à organiser de manière pluraliste (enfin!) ce débat public à la manière des Etats Généraux de la Culture.

Faut-il privilégier une augmentation ou un statu quode la pub? Notre service public pourrait-il (re)devenir rapidement une chaîne télévision sans publicité comme sa consoeur flamande, la VRT? Pourquoi ne pas adapter à la Communauté française la 81ème proposition du Pacte Présidentiel de Ségolène Royal: "Taxer les recettes publicitaires des chaînes privées en faveur de l'audiovisuel public"?

Si l'on envisage le développement des rentrées publicitaires à la RTBF, il faut alors également s'interroger sur les répercussions négatives qui pourraient en découler sur l'état de viabilité déjà précaire de la presse écrite dû notamment à la diminution significative des investissements de ses annonceurs depuis les années '90.

Actuellement, alors que la RTBF doit limiter ses rentrées publicitaires à 25% de son budget, l'emprise des annonceurs sur ses programmes et ses priorités est déjà prégnante. Il est indispensable qu'un débat nourri et contradictoire permette au public d'indiquer à nos parlementaires pour quelles raisons il souhaite ou non que le lobby publicitaire y soit encore davantage influent ou non.

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4: Ils ne signent pas mais...

"... En tant que mandataire et chef d'un groupe politique, il ne m'apparaît pas souhaitable de signer des pétitions. Néanmoins, je suis attentive à la teneur de votre courriel et approuve l'idée d'un débat public sur la place de la publicité à la RTBF (...). Comme représentante politique, je prendrai en compte les points de vue qui se seront exprimés dans la société civile, éventuellement lors d'une future interpellation, ou lors des débats relatifs aux décrets qui doivent être votés pour que s'applique légalement le contrat de gestion (...). En espérant que se déroulera donc le débat que vous souhaitez, je vous prie d'agréer mes sentiments les meilleurs...".
Françoise Bertieaux
Présidente du Groupe MR du Parlement de la Communauté française

"...La RTBF pourrait-elle devenir une chaîne sans publicité? Plus qu'un débat, cette question mérite que soit organisé une véritable réflexion réunissant différents experts capables de mettre sur la table des pistes alternatives de financement de la RTBF et qui ne mettent pas en péril les autres politiques de la Communauté Française.
Comment compenser la perte des revenus publicitaires pour continuer à financer les ambitions du service public en matiere d'information, de culture et de divertissement dans un contexte hyper concurrentiel? Comment financer aussi les efforts de productions audio-visuelle indépendante et créative dans lesquelles la rtbf a décidé de réinvestir? Comment faire tout cela dans une enveloppe fermée, sans toucher aux budgets de la culture et de l'éducation et sans faire une télévision et des radios dont se détournent complètement les citoyens? La RTBF est une des télévisions publiques qui proportionnellement reçoit le moins de subsides en Europe, alors comment compenser une éventuelle absence de financement issu de la vente des espaces publicitaires?
Je suis prêt, avec d'autres au PS, à participer à une telle initiative! Au grand plaisir de (vous) rencontrer...".
Jean Cornil
Sénateur élu directement (PS).

"... J'accuse réception de votre mail lançant un appel " pour davantage de publicité à la RTBF? Que le débat ne soit plus confisqué à la population " qui a retenu toute mon attention. En tant que mandataire politique, je ne souhaite pas signer cet appel. Je suis cependant favorable à un débat public sur cette question. Je ne manquerai pas de relayer les différents points de vue qui existent en la matière. Ma formation politique veillera à défendre notre point de vue nuancé sur ce sujet lors des débats qui auront lieu en commission...".
Christine Defraigne
Sénatrice MR de Communauté (Parlement de la Communauté française),
Présidente de groupe.

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5: À l'écoute de 90 minutes de propagande

Pendant plusieurs mois, la RTBF n'aborda pas sur ses antennes cette thématique "+ de pub à la RTBF?". Ensuite, elle proposa une émission de radio (durée: 1 heure 30) qui donnait la parole uniquement à des représentants de la RTBF ainsi qu'à la Directrice du Conseil de la Publicité.

Cette émission fut considérée par différents observateurs comme un acte de propagande de la part du Service public. L'association Respire a déposé plainte à ce sujet au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Celle-ci est jugée pertinente par l'organe de régulation puisqu'il en a fait l'objet d'une notification et qu'une audition des représentants de la RTBF sera organisée prochainement à ce sujet.

Ce mauvais traitement infligé par la RTBF à cette thématique concourt au fait qu'il n'y a pas eu un véritable débat auprès du public. C'est à partir de ce constat que l'"Appel des 100" a été élaboré.

Vous pouvez vous faire vous même votre idée: propagande ou pas?
Ecoutez donc cette émission de radio de la RTBF:
www.lapetiteradio.org/media/LU_prem_tac.mp3

Voici également un article qui décrit et analyse le déroulement de cete émission.



6: Suivis dans la presse écrite

Le 2 mai 2007, La Libre Belgique publie l'Appel.
> Lire l'article (en PDF, avec l'aimable autorisation de La Libre Belgique)

Le Journal du Mardi du 8 mai 2007 publie la liste des 100 signataires de l'Appel ainsi qu'une réflexion intitulée: "Face à la propagande et aux bouches cousues".
> Lire l'article

Le Soir publie le 12 mai 2007, un article intitulé en une "Sans pub, la RTBF se meurt", un article qui suscitera beaucoup de réaction.

Le même quotidien propose le 16 mai 2007 un deuxième article qui s'entame ainsi: "Bernard Hennbert est tout colère...".

Autre réaction: la carte blanche de "Respire" publiée le 24 mai 2007 sous le titre "Qui veut plus de pub à la RTBF?".
> Lire la carte blanche (sur le site de "Repire")

Dans le Télémoustique du 16 mai 2007, Marc Moulin réagit aux déclarations faites par Jean-Paul Philippot dans l'article du Soir du 12 mai 2007:

LA RTBF sans chaînes

Un  groupe de 100 personnalités des mondes politique, culturel, associatif demande un débat sur la suppression éventuelle de la pub à la RTBF. En réponse, la RTBF "crie aux fous", écrit Le Soir du 12 mai. L'administrateur général réplique : "La perte des recettes publicitaires contraindrait la RTBF à supprimer une chaîne télé et quatre radios". C'est formidable de démontrer en une phrase aussi courte combien la RTBF a été mal gérée (et même avant M. Philippot), puisqu'au moment où la pub y a été ajoutée, il y avait deux chaînes télé et quatre chaînes radio! D'accord, certaines choses sont devenues très chères, comme les salaires des directeurs (aussi nombreux que des colonels en Amérique latine) et les droits du foot. Mais d'apprendre comme ça que 70% des programmes d'une radio-télé de service public sont gouvernés par les 20% de sa pub, alors qu'il y a 80% de dotation publique dans ses ressources, voilà qui confirme l'urgence d'un débat.

Dans la foulée de l'Appel des 100, plusieurs textes explicitent les nouvelles dérégulations de la RTBF:

  • Dans Le Journal du Mardi du 22 mai 2007, "Et quoi encore, après le Reine Elisabeth?".
    > Lire l'article

  • Dans La Libre Belgique du 26 mai 2007, la carte blanche "Le prétexte Arte".
    > Lire l'article (en PDF, avec l'aimable autorisation de La Libre Belgique)

  • Dans Le Journal du Mardi du 29 mai 2007, "La RTBF est dure avec les sourds: La presque sourde oreille?".
    > Lire l'article


7: Lancement d’une plate-forme associative

Le 17 juillet dernier, la majorité PS – CDH (moins J-P Procureur) au Parlement de la Communauté française votait la modification de deux décrets autorisant de nouvelles pratiques publicitaires dans l’audiovisuel de la Communauté française (publicité interactive, virtuelle, écran partagé) et permettant la levée du plafond de recettes publicitaires à la RTBF.

Contrairement à ce qui a été annoncé par la majorité, les nouvelles règles prévoient:

  • plus de publicité commerciale en volume sur le service public1;
  • de nouvelles pratiques publicitaires (publicité virtuelle, interactive, écran partagé) dans l'audiovisuel de la Communauté française (à la RTBF mais aussi pour les télévisions locales, AB3, AB4, MCM, Liberty, Canal Z… et TVi qui n'est pas luxembourgeoise selon le CSA);
  • la suppression du plafond des recettes publicitaires à la RTBF, qui pourra passer à environ 50% en 20102.

Ce choix idéologique, dont la pertinence n’a jamais été démontrée par des arguments étayés et des études publiques, constitue un danger pour la RTBF en la soumettant toujours plus à la logique commerciale et aux lois publicitaires de l’audimat. C'est une dérive contraire à l’intérêt des usagers et à la protection du bien commun.

Le gouvernement ayant lui-même inscrit dans les textes de loi qu’il est nécessaire de protéger les usagers de la publicité, caractérisant donc cette dernière comme un danger, deux arguments ont été avancés par la majorité en guise de justification à cette large ouverture publicitaire:

  • pour ce qui est des nouvelles pratiques publicitaires, il s’agit d’encadrer des pratiques déjà existantes pour mieux réguler. Pour la majorité, plutôt que de lutter contre les «forces régressistes», il s’agit donc d’accompagner le marché et d’en légitimer les pratiques les plus nocives et les moins populaires en lui fournissant un cadre légal;
  • la majorité a affirmé qu’il n’existe pas d’alternative à l’apport financier publicitaire pour la RTBF. Le CDH a même avancé que si des possibilités de financement alternatif existaient, l’opposition aurait pu les proposer. Très loin de la «politique autrement», en guise de réponse à nos demandes répétées de réaliser une étude approfondie et contradictoire sur la situation budgétaire de la RTBF et les possibilités de financement alternatifs (ce qui suppose d’avoir accès aux chiffres et aux informations nécessaires – pour l’instant non accessibles au public), la majorité s'est retranchée derrière une irresponsable arrogance en reprochant à l’opposition de ne pas avoir réalisé ces études sur les financements alternatifs pour la RTBF.

PS et CDH ont pris la lourde responsabilité de soumettre la population de la Communauté française à davantage de pression publicitaire, à l’heure où un consensus de plus en plus large existe sur la nécessité de consommer moins et mieux.

L’irresponsabilité profonde de cette décision impopulaire est couplée à l’ouverture en grand des vannes de l’argent publicitaire dans le service public d’audiovisuel, étape importante dans la PUBtréfaction de la RTBF.

Considérant l’incapacité des pouvoirs publics à se saisir de l’enjeu et comprendre le danger que représente l’envahissement publicitaire de la RTBF en particulier et des espaces publics en général, les Equipes Populaires, Consoloisirs et l’asbl Respire ont initié une plate-forme associative de vigilance et d’action sur la publicité dans l’espace public. Les associations suivantes ont d’ores et déjà confirmé leur participation à la plate-forme:

Attac Wallonie Bruxelles:
http://wb.attac.be

Consoloisirs:
www.consoloisirs.be

CRIOC:
www.crioc.be

Culture et développement:
www.cultureetdeveloppement.be

Les Equipes Populaires:
www.cerveaupasavendre.be

Inter-environnement Wallonie:
www.iewonline.be

Le Grappe:
www.grappebelgique.be

Le Gsara:
www.gsara.be

Le réseau Idée:
www.reseau-idee.be

La Ligue des Familles:
www.liguedesfamilles.be

Le MOC:
www.moc.be

Respire:
www.respire-asbl.be

Vie féminine:
www.viefeminine.be

La mobilisation croissante face à la déferlante publicitaire trouve là une expression associative et collaborative qui appelle une prise de conscience urgente des pouvoirs politiques et des décisions fortes !

[1] L’article 58 modifie les règles de comptabilisation du volume-temps publicitaire: Article 58 - calcul des temps de transmission publicitaire quotidien, horaire et de soirée:
«Pour l’application de l’article 56.1, c) et 57 a) et b), ne sont pas comptabilisés dans les temps de transmission quotidien, horaire et de soirée, visés au présent article:

  1. Les messages diffusés en faveur d’œuvres de bienfaisance, diffusés gratuitement ;
  2. Les messages destinés au soutien et à la promotion de la presse écrite et du cinéma, étant entendu que ces derniers messages non comptabilisés dans lesdits temps de transmission quotidien, horaire et de soirée sont toutefois plafonnés à 60 secondes par soirée entre 19 et 22 heures en télévision, à 30 secondes par heure d’horloge tant en radio qu’en télévision et à 30 secondes en moyenne quotidienne par heure de transmission en télévision, et qu’ils ne peuvent toutefois avoir pour effet de provoquer un dépassement du temps de transmission horaire de 12 minutes par heure en télévision ;
  3. Les «jingles» ou moyens optiques ou acoustiques marquant annonçant et désannonçant les écrans publicitaires, et les «bleus» ou césures entre les messages publicitaires au sein d’un même écran publicitaire;
  4. Les informations commerciales présentes sur des supports non linéaires connexes ou complémentaires, tels que des fenêtres numériques, des sites Internet, des pages de télétexte ou des numéros de téléphone, et auxquelles renvoient des messages en radio et en télévision de publicité interactifs. Toutefois, sous réserve d’une modification décrétale, le Gouvernement de la Communauté peut fixer des volumes particuliers de publicité interactive sur les services non linéaires».

[2] Le nouveau plafond de «30%» tel que mentionné dans le nouveau contrat de gestion, n’est pas calculé comme il l’était dans le précédent contrat de gestion, et correspond à environ 50% du budget selon les règles de calcul précédemment utilisées. Le Projet de Décret modifiant le décret du 14 juillet 1997 portant statut de la Radio-Télévision Belge de la Communauté française supprime toute référence à un plafond publicitaire. Enfin, un «Projet de décret modifiant le décret du 14 juillet 1997 portant statut de la Radio-Télévision belge de la Communauté française» qui a été remplacé mentionnait que: «le plafond des 25% de recettes publicitaires est amené à être mécaniquement dépassé, vu l’augmentation des tarifs publicitaires en général» - «En outre, lorsque les recettes nettes de publicité de la RTBF, déduction faite de la TVA, des commissions de régie publicitaire, et des moyens complémentaires affectés à la production indépendante en application de l’article 10.3 et 10.6 du présent contrat de gestion, dépasseront effectivement le seuil des 30% des recettes totales de la RTBF, les parties concluront un avenant au présent contrat de gestion de manière à définir l’affectation prioritaire des nouveaux moyens financiers ainsi dégagés» (nous soulignons). Le projet de décret voté le 17 juillet 2007 au parlement rend possible la conclusion de l’avenant en question.



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