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Elections du 23 juin 2004: nos questions culture/média

Chapitre 1 | Le financement de la RTBF (questions 1 à 8)

QUESTION 1: À la RTBF, la pub coupe désormais le déroulement de nombre d'émissions. Pourquoi? Le public n'a pas l'air d'apprécier cette "nouveauté". Il suffit de consulter les audiences d'émissions qui ont adopté pareille coupure: "Chacun son histoire", "Seul contre tous"... Comment vous positionnez-vous par rapport à cette analyse?


logo PS

- Christian Dupont, Ministre de la Culture (PS): Environ 60% du budget de la RTBF financent le personnel. La publicité peut financer un maximum de 25 millions d'euros. Les 3/4 du budget sont alimentés par la dotation. Si on regarde ce qui se passe à l'étranger, nous sommes dans la moyenne. Il y a des pays dont les télévisions publiques font beaucoup appel aux ressources publicitaires. Personne n'aime trop les tunnels publicitaires. Personnellement, j'ai été longtemps un opposant acharné de la publicité à la RTBF et tout particulièrement à la radio. Je dois dire que je m'y suis fait à la radio et un peu moins à la télévision.

Mais globalement on ne peut pas refaire le monde, tout seul en tous les cas! On doit se rendre compte que la RTBF vit dans un environnement éminemment concurrentiel. Nous sommes une petite communauté dont les télés privées et la télé publique sont en concurrence avec les chaînes françaises. Il est clair que, pour l'instant, la Communauté française n'a pas les capacités de financer à 100% la RTBF. Donc l'effort publicitaire doit évidemment être cadré. Il doit être toujours entouré au niveau éthique, ce qu'il est, à mon avis. Lorsque ce n'est pas le cas, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) doit jouer son rôle.

Globalement, je ne pense pas que l'on puisse, dans l'état actuel des choses, remettre en cause le financement par la publicité, celui-ci n'étant pas excessif.


logo MR

- Olivier Chastel, Ministre de l'Audiovisuel et des Arts et Lettres (MR): Ce n'est un secret pour personne que je suis un passionné de sports et donc j'ai très vite découvert les coupures publicitaires à l'intérieur de ce type de programmes de la RTBF. D'abord, j'ai été surpris. Mais j'ai compris bien vite que cela ne se pratiquait pas en contradiction avec le contrat de gestion puisque celui-ci n'interdit ces coupures publicitaires que dans les films, les programmes d'information, les captations d'art lyrique ou dramatique sauf les interruptions naturelles.

Les programmes sportifs font l'objet d'un traitement spécifique. Moi, je n'y suis à priori pas particulièrement favorable mais je comprends que, pour des soucis de rentrées financières, La RTBF analyse quels sont les meilleurs moments légaux pour diffuser ses spots publicitaires.

Parler d'audiences et mettre celles-ci en rapport avec les coupures publicitaires, cela me paraît un peu osé! Rien ne démontre aujourd'hui que telle ou telle émission perd de l'audience en fonction des coupures publicitaires: il y a les changements de présentateurs, les nouveaux horaires, etc. Il y a également une versatilité de plus en plus importante du téléspectateur. On zappe de plus en plus. Tout cela entre aussi en considération pour analyser les taux d'audience.

Cela serait tellement démagogique de dire qu'il faut supprimer la publicité à la RTBF...

- Question du public: Les émissions sportives ne sont-elles pas des émissions d'information?

- Olivier Chastel: C'est une rédaction à part de la rédaction de l'information. On parle même de la délocaliser à Charleroi. L'interprétation du CSA est que la RTBF ne contrevient pas à son contrat de gestion en pratiquant ainsi. Mais le contrat de gestion de la RTBF, on peut le revoir et le préciser!

- Question du public: C'est votre intention?

- Olivier Chastel: Sur certains points, il faut le revoir. J'en ai au moins une dizaine en tête! Les investissements fait dans le cadre du Plan Magellan, la manière dont la RTBF vient de modifier l'ensemble de ses radios... Un sujet qui me tient à cœur: le pourcentage de musiques françaises et/ou produites en Communauté française qui sont diffusées en radio, etc. Lors de la révision de ce contrat de gestion, on peut inclure toute une série de points. On est en discussion avec la RTBF pour régler un certain nombre de modifications de son contrat de gestion.

- Bernard Hennebert: l'Administrateur général de la RTBF souhaite que la nouvelle copie de ce contrat de gestion énonce plutôt de grandes orientations alors que d'autres interlocuteurs souhaitent qu'il soit, au contraire, très précis pour forcer la RTBF à appliquer réellement ses obligations. Votre point de vue?

- Olivier Chastel: Je suis pour que ce contrat de gestion soit précis et qu'il renferme ce qu'il convient d'avoir comme lien contractuel en fonction de ses missions de Service public entre la Communauté française et la RTBF. Il ne faut pas un contrat fourre-tout où l'on vient tout expliciter, que ce soit ou non en rapport avec les missions du Service public. Par exemple, dans le cadre du Plan Magellan, il existe deux sociétés d'investissement séparées de la RTBF, dans lesquelles les Régions et la Communauté française apportent un certain nombre de moyens pour les investissements en matière de bâtiments. Je disais récemment à Mr Philippot que je pensais que celles-ci ne devaient pas faire partie du contrat de gestion mais bien de conventions séparées. Cela nous permettra de recentrer l'intérêt de ce contrat de gestion sur ce qui nous lie contractuellement.


logo ECOLO

- Jean-Marc Nollet, Ministre de l'Enfance (ECOLO): D'abord, quelques balises. La RTBF est un Service public qui est largement financé par les impôts de la Communauté française. Elle doit répondre à des missions de service public qui sont détaillées dans la cadre d'un contrat de gestion. Autour de la RTBF, il y a le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. Il y a aussi un Ministre de l'Audiovisuel.

Dans le contrat de gestion, il y a des éléments très clairs en ce qui concerne les coupures publicitaires. Je me souviens d'être intervenu assez fortement pour essayer de limiter au maximum ces possibilités. J'agissais déjà de même lorsque j'étais Vice-président du Conseil d'administration de la RTBF. Je suis persuadé en effet que ces coupures ont pour conséquence que certains téléspectateurs quittent la chaîne.

Il faut se dire néanmoins que ce n'est peut-être pas un bon critère à prendre en compte! Dans la question telle qu'elle a été formulée, vous dites que l'option n'est peut-être pas bonne parce que les gens ne suivent plus... Faut-il, à chaque fois, juger de la qualité d'un programme au nombre de gens qui regardent? Je propose qu'on n'adopte pas cette façon de penser comme unique grille de lecture...

Pour revenir sur la question précisément, c'est de bonne guerre de la part de la RTBF de jouer avec les interstices du contrat de gestion. Tout n'y est pas toujours précisé dans les moindres détails. Le CSA doit pouvoir intervenir par rapport aux écarts vis-à-vis de la norme, et éventuellement le Ministre aussi.

Selon moi, il y a des situations où clairement l'on est hors du contrat de gestion. Et donc là, il faut pouvoir intervenir et sanctionner. Quelle est la capacité actuellement pour le CSA de réellement intervenir et de pointer du doigt? Ce n'est pas évident. Dans le contexte actuel, il n'a pas encore beaucoup agi de la sorte.

Je sais également qu'il existe des manières pour la RTBF de contourner le contrat de gestion. Par exemple, pour le journal télévisé de la mi-journée, de proposer les titres à 12H45, puis de repartir sur d'autres programmes (notamment publicitaires) avant de revenir sur le JT en lui-même à une heure aléatoire. Dans l'état actuel du contrat de gestion, cette façon de faire est critiquable.

Tout cela doit nous inciter à réfléchir, à préciser les balises du prochain contrat de gestion.

Mais j'espère qu'ici, on ne va pas uniquement parler de la RTBF! C'est toujours facile de taper sur ceux que l'on aime bien.


logo CDH

- Julie de Groote, Parlementaire (cdH): Nous n'allons pas prétendre à la veille des élections que l'on va pouvoir faire une télévision sans publicité.

Nous demandons qu'il y ait un contrôle bien plus effectif du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. Très peu de gens savent que ce Conseil existe et qu'il a un rôle à remplir.

Il faudra améliorer le contrat de gestion de la RTBF, si possible dès l'automne prochain, et y préciser davantage les obligations du Service public en ce qui concerne le fond et le contenu des messages publicitaires.

Quant à l'audience faible des émissions dont vous faites mention, je pense qu'il y a d'autres éléments qui expliquent cette perte d'audience.


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