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Le Musée de la Photographie de Charleroi refuse d’informer le public

Le lendemain de notre visite à Charleroi, nous avons adressé la plainte suivante, le 2 février 2009, à l’attention de Monsieur Xavier Cannone, le directeur du musée de la Photographie:

“...Monsier le Directeur, C’est avec grand intérêt qu’une septantaine de visiteurs sympathisants de Consoloisirs.be et venant des quatre coins de la Communauté française (Liège, Tournai, Brabant-Wallon, Bruxelles) ont découvert votre musée, hier à 14H15, le 1er février (journée de gratuité mensuelle).

J’imagine que notre initative doit vous satisfaire notamment d’un point de vue financier car ce sont autant d’entrées (près de 400 euros) qui vous seront ultérieurement remboursées par la Communauté française, selon l’accord en vigueur avec la Ministre de la Culture Fadila Laanan, et ses services.

Bien entendu, je tiens à vous dire que le public était enchanté. À un point près que je me dois de vous rapporter ici.

Certains de nos visiteurs se sont étonnés lorsqu’ils ont découvert que la personne à l’accueil disait au public voulant acheter un ticket, souvent surpris, que c’était gratuit. Le problème est que ce membre de votre personnel n’expliquait pas pourquoi. Lorsqu’un d’entre-nous demanda la raison de cette gratuité, il répondit “C’est la Communauté française”.

Il nous semble qu’il y a là un manque de pédagogie et, surtout, de solidarité avec les autres institutions muséales.

En effet, à ce moment-là, votre employé n’a donné aucune information consistante au public: ni le fait de lui indique que cette gratuité se répétait mois après mois, chaque premier dimanche du mois; ni qu’une quarantaine d’autres musées l’applique (15 musées de la Communauté française, les musées communaux de Liège, de Tournai, de Verviers, etc.).

La conséquence de pareille désinvolture me semble grave. En effet, une majorité du public, et surtout une population qui n’a pas l’habitude de visiter votre institution et d’autres, ignore ce nouveau droit social. ceci est d’autant plus préoccupant au moment où se développe la crise économique.

Ainsi, étant interviewé pendant 3 minutes, la semaine dernière (mardi 27 janvier), à 14H15 dans “Cocktail curieux” sur La Première (radio de la RTBF), je peux vous indiquer qu’au moins six auditeurs ont rejoint hier notre groupe pour visiter votre musée. C’est une preuve parmi bien d’autres qu’une meilleure médiatisation de la gratuité mensuelle peut contribuer au développement de la fréquentation par de nouveaux publics des musées en Communauté française.

Les visiteurs de Consoloisirs.be, hier, se sont étonnés d’une autre point qui me pousse à vous déposer la plainte suivante. Pratiquement aucune information réccurente dans votre musée ne semble être prodiguée quant à cette gratuité du “premier dimanche du mois”.

Pour moi, ce fait n’est pas nouveau. En juin dernier, lors de l’inauguration de vos nouveaux locaux, cette gratuité mensuelle a aussi été omise dans votre communication, ce qui fait que dans la revue de presse que j’ai faite à l’époque concernant cet événement, je n’ai jamais retrouvé cette information. L’un des plus bel exemples en est le périodique mutualiste fort populaire “En Marche” (5 juin 2008) qui y consacra toute sa page 15 à une bel article de Mme Françoise Robert qui proposait nombre de détails concrets... sauf celui de la gratuité mensuelle: service éducatif, réductions, etc.

Or, le “Code de bonne conduite en faveur des usagers culturels” en Communauté française promugué par la Ministre Laanan en 2006 indique dans son point 5 que l’acteur culturel doit “...indiquer tous ses tarifs (billets d’accès, vestiaire, etc.) à l’entrée de tous les lieux où il accueille les usagers, sur son site internet et, tant que faire se peut, sur les supports publicitaires écrits. De la même manière, indiquer les réductions occasionnelles- en précisant si elles sont cumulables entre elles ou avec des tarifs réduits permanents – les gratuités éventuelles et les conditions pour en bénéficier”.

La personne qui nous accueillait hier a répondu que cette annonce n’était pas faite par les supports de votre musée car cette gratuité n’est pas acquise à long terme.

Il nous semble que cette explication pose problème au moment où cette gratuité existe depuis plusieurs années et que vous disposez de moyens d’information dont vous faites évoluer régulièrement le contenu.

En étant bon seigneur, admettons que le dépliant qui présente de manière intemporelle votre musée ne l’indique pas, mais il nous sembe au contraire incorrect que cette donnée ne soit pas médiatisée à l’accueil du musée, sur votre site internet et sur le dépliant spécifique fort détaillé que vous avez consacré à l’actuelle exposition temporaire (Fred Baldwin & Wendy Watriss) dont vous autorisez la découverte lors de ces “premiers dimanches du mois”.

  1. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi ce non respect du “Code de bonne conduite”? Contestez-vous l’intérêt de son point 5? Considérez-vous que vous ne devez pas l’appliquer?
  2. Trouvez-vous que cette gratuité du premier dimanche est une bonne idée, d’autant plus que les entrées vous sont “remboursées”? Avez-vous des arguments “contre”? Avez-vous d’autres propositions de gratuités “généralistes” (qui s’adressent à l’ensemble de la population active)?
  3. Pouvez-nous nous indiquer à quelle date vous allez appliquer ce point 5 du Code?

Je me permets de vous rappeler également le point 15 dudit “Code” que vous n’ignorez sans doute pas: l’acteur culturel doit “répondre de manière circonstanciée aux plaintes écrites des usagers qui lui sont adressées, dans les 30 jours de leur envoi”.

En espérant que tant vos efforts que les miens nous permettront à l’avenir de tenter d’élagir la population qui fréquente les musées en Communauté française, je vous prie de croire en l’expression de mes sentiments les plus cordiaux”.

Première réaction du directeur du musée

Xavier Canonne, le Directeur du Musée de la Photographie,nous a répondu le 3 février 2009:

“...Monsieur Hennebert, Ce lundi, le personnel de l’accueil m’a relaté votre passagenon sans bruitau Musée de la Photographie.

Permettez-moi de m’étonner et de m’insurger de l’attitude péremptoire, si pas agressive, que vous avez eue à l’endroit de mon personnel.

En outre, j’ai été informé que vous aviez été préalablement en contact avec Cécile Druart et, qu’à aucun moment, vous ne lui avez fait part de vos griefs à l’encontre de notre institution. Nous nous étonnons donc d’autant plus de la manière peu courtoise avec laquelle vous avez tenté de faire passer votre message. Je vous remercierai donc à l’avenir de ne plus utiliser notre institution comme une tribune. Si cette cause est juste à défendre, je gage que vous la servirez mieux par une attitude moins matamoresque.

Si mon oreille est à l’écoute des critiques constructives que m’adressent nos visiteurs, il n’en reste pas moins qu’au cas où vous auriez de nouvelles récriminations, je vous saurai gré d’y mettre les formes, d’éviter le ton inquisiteur de vos courriers, de vous poser en “bon seigneur” puisque je n’entends pas être votre vassal.

Venons-en à présent au fond pour être bref et efficace:

Vous n’ignorez pas que le décret et l’arrêté relatifs à la reconnaissance des musées est entré en vigueur et qu’il a rendu caduque l’ancien système des musées conventionnés et musées subventionnés. Le Musée de la Photographie était précédemment l’un des musées conventionnés, il fait aujourd’hui partie du programme 3 qui regroupe les lieux alliant collection patrimoniale et soutien à la création contemporaine.

A ce jour, nous n’avons reçu aucune information qui confirme ou infirme l’octroi de la gratuité (avec compensation) dans les musées relevant du programme 3. Devant gérer, selon l’expression “en bon père de famille”, il ne m’appartient pas de prendre des risques financiers en annonçant sur le long terme, ou même sur le moyen terme, une poursuite de la gratuité.

Comprenez que la situation financière des musées est difficile et que chaque dépense non pesée risque d’amener un plus grand déséquilibre qui mettrait en péril, outre l’accès du public, les missions scientifiques et l’emploi du personnel des musées.

C’est pourquoi nous avons choisi de ne pas annoncer de façon figée les mesures de gratuité. Elles sont cependant rigoureusement appliquées.

J’adresse copie de nos échanges à Madame la Ministre de la Culture.

Sentiments choisis”.

Réponse au courrier du directeur

Le 3 février 2009, nous avons ainsi réagi à la réponse de Monsieur Xavier Cannone,
Directeur du musée de la Photographie de Charleroi:

“...Monsier le Directeur, je me permets de vous répondre à votre courriel de ce 3 février.

Puisque mon seul but en tant que visiteur est la défense bénévole du développement des musées en Communauté française en respect avec leurs usagers, je ne tiens pas à envenimer nos relations et dès lors je mordrai sur mon amour propre en ne vous détaillant pas mon opposition aux adjectifs que je considère comme erronés (pour le moins) que vous utilisez pour caractériser mon action: péremptoire, agressif, peu courtois, matamoresque, inquisiteur, etc. Notez l’effort!

Vous savez que je ne suis pas un flatteur et vous avez donc constaté que mon courrier était loin d’être négatif: je vous y ai notamment tenu à vous signaler que j’ai constaté que les sympathisants de Consoloisirs.be étaient enchantés par la découverte de votre musée. Et je vous ai même envoyé copie un courriel reçu hier où l’un de nos visiteurs notait que l’expo temporaire était très chouette et la collection complète permanente était vraiment splendide.

Vous n’avez pas eu le même genre d’égard vis-à-vis de moi. Vous auriez pu, par exemple, me signaler que ma plainte comportait beaucoup d’éléments d’information de type journalistique qui donnent à réfléchir. Cela m’aurait fait plaisir d’autant plus qu’ils sont sans doute exacts puisque vous ne remettez pas leur pertinence en question.

Pourquoi n’ais-je pas fait part de mes griefs à Mme Cécile Druart? Au moment de la préparation de notre visite, j’avais uniquement connaissance que la “gratuité” n’était pas indiquée sur votre site internet. C’est ce 1er février que moi-même et d’autres visiteurs de Consoloisirs.be avons découvert, sur place, que le silence sur cette gratuité était également de mise sur la tarification affichée dans l’entrée et sur tous les dépliants disponibles. En tant que défenseur de ce type de gratuité particulière (je suis pas un défenseur de la gratuité totale et en plus mon projet prévoit que la gratuité mensuelle doit être assortie d’une mise en exergue d’une œuvre, afin qu’il y ait médiatisation pour que de nouveaux publics soient sensibilisés), si vous aviez été à notre place, n’auriez-vous pas été choqué?

Vous affirmez que “votre oreille” est à l’écoute des critiques constructives... Mais ne considérez-vous notre demande de simplement respecter votre obligation d’informer le public, en ce qui concerne la “gratuité du premier dimanche”, comme positive? Pour rappel, ce droit a été accordé aux visiteurs par la Ministre Laanan dès 2006! Combien d’années perdues sans médiatisation de cette mesure? Et comment dès lors en évaluer les effets?

En quoi notre critique est-elle négative? Elle n’est même pas stérile puisque nous vous demandons d’évoluer.

J’ai pris bonne note de votre argumentation mais je constate que vous n’avez pas répondu aux questions précises que je vous posais.

Pourriez-vous avoir l’amabilité de le faire?

  1. Contestez-vous l’intérêt du point 5 du “Code de bonne conduite en faveur des usagers culturels”: l’acteur culturel doit “...indiquer tous ses tarifs (billets d’accès, vestiaire, etc.) à l’entrée de tous les lieux où il accueille les usagers, sur son site internet et, tant que faire se peut, sur les supports publicitaires écrits. De la même manière, indiquer les réductions occasionnelles- en précisant si elles sont cumulables entre elles ou avec des tarifs réduits permanents – les gratuités éventuelles et les conditions pour en bénéficier”)?
    Considérez-vous que vous ne devez pas l’appliquer?
  2. Trouvez-vous que cette gratuité du premier dimanche est une bonne idée (...)?
    Avez-vous d’autres propositions de gratuités “généralistes” (qui s’adressent à l’ensemble de la population active)?
  3. Pouvez-nous nous indiquer à quelle date vous allez appliquer ce point 5 du Code?

Dans l’attente de vous lire, je vous prie de croire en l’expression de mes sentiments les mieux choisis....”.

Ultime courrier du Directeur

Xavier Canonne, Directeur du Musée de la Photographie, nous répond ainsi le 4 février 2009:

“...Monsieur, Vous semblez avoir un grand besoin de publicité. Je ne vous offrirai pas mon temps pas plus que je n’en consacrerai à votre littérature ennuyeuse. Je vous reporte à mon précédent mail.
Sentiments choisis néanmoins."

Sans commentaire. Le lecteur se fera sa propre idée sur cet échange épistolaire et réagira ou non en fonction de celle-ci...



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