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Lettre parue dans le courrier des lecteurs du "Journal du Mardi" (04/10/2005) et du "Nouvel Observateur" (06/10/2004)

Carton jaune pour France2 et la RTBF

Une des différences essentielles entre les services publics de l'audiovisuel et les chaînes privées, ce sont les objectifs qui président aux choix de leurs programmes.
Au moment où la majorité du financement d'un diffuseur provient de la dotation de l'Etat, ce ne sont plus les intérêts publicitaires qui doivent primer mais bien l'évolution en vue du bien commun de la cité.

France Télévision (en France) et la RTBF (en Belgique) ont traduit depuis quelques années cette évidence par le développement du dialogue entre leurs chaînes et leurs usagers, au moyen d'un service de médiation. Cette initiative se traduit pour le public essentiellement par la mise à l'antenne d'émissions où ils peuvent tenter de remettre en question et proposer des évolutions aux médias censés être à leur service.
Ces programmes peuvent également constituer un formidable outil d'éducation aux médias qui permet à leurs téléspectateurs de mieux comprendre le fonctionnement des chaînes et donc de les recevoir avec davantage de distance et de sens critique.

Or, tant en France qu'en Belgique, cette nouvelle saison télé a démarré sans que les téléspectateurs ne soient informé du sort de ces émissions.

Sur France2, "L'Hebdo du Médiateur" a disparu dans le silence le plus total. Les samedis 10 et 17 septembre, la presse écrite annonçait bien le déroulement de cette émission, comme d'habitude, après le JT de 13H. Béatrice Schoenberg n'a donné aucune information concernant ce programme, à la fin de sa présentation du 13H, à l'inverse de ce qu'elle pratiquait jusqu'à présent. Aucun avis rectificatif de la chaîne n'a été proposé au public. Quel mépris!
Dans la presse écrite, c'est également le silence, comme si les journalistes n'étaient pas attentifs à ce programme qui intéresse pourtant diablement les téléspectateurs puisque, parfois, il sont plus nombreux que ceux du 13H à le regarder!

En Belgique, le contrat de gestion de la RTBF mentionne qu'elle doit proposer au moins dix émissions de médiation par an, tant en radio qu'en télévision. La direction a dévalorisé au fil des saisons l'intérêt de ce service. Autrefois, l'émission de télévision "Qu'en Dites-Vous?" était hebdomadaire, non montée, en présence d'usagers à qui le mot de la fin était proposé. Puis, l'émission est devenue mensuelle, montée et s'est déroulée sans la présence du public. Ce sont les représentants de la direction qui eurent droit à la conclusion! Est-ce de la médiation ou de la communication d'entreprise?
Concrétiser l'obligation de la mise à l'antenne de dix émissions annuelles en 2005 semble aléatoire: seulement trois émissions ont été proposées jusqu'à présent et aucune annonce de relance n'a été annoncée pour cet automne!

Un autre élément de la médiation fait différence entre les deux pays voisins. La RTBF est obligée de répondre à toutes les plaintes écrites de ses usagers, "de manière circonstanciée" endéans les 30 jours ouvrables. Rien de pareil sur France Télévision, ce qui fait que nombre de courriers d'usagers restent sans réponse.
Interpellé sur ce sujet, François Hollande, le patron du PS, m'avait déclaré au cours d'un débat public qu'il souhaitait que France Télévision doive au moins répondre au courrier des associations. Il serait utile que pareille idée soit discutée au cours de la prochaine campagne présidentielle.

On peut comprendre à un niveau Européen que les chaînes privées considèrent que les Services publics pratiquent de la concurrence déloyale au moment où ils se différencient de moins en moins du modèle commercial. La médiation, si elle était amplifiée et appliquée vraiment, favoriserait l'émergence d'une autre manière de faire de la télévision. Elle pourrait également devenir le terreau où pourraient se développer des associations de téléspectateurs et d'auditeurs significatives qui constitueraient, à moyen terme, un contre-pouvoir aux lobbies économiques et publicitaires qui ne cessent d'influencer de manière unilatérale l'évolution du paysage audiovisuel.

Enfin, la mauvaise gestion des émissions "L'Hebdo du Médiateur" et "Qu'en Dites-vous?" est dramatique pour tous les autres services de médiations et qui n'ont pas la même visibilité. Si ces autres services se comportent comme ces émissions de télé, à quoi bon leur faire confiance? Les Gouvernements devraient s'inquiéter des effets de cette mauvaise image de la médiation dans sa globalité ainsi distillée auprès des téléspectateurs.

Bernard Hennebert
bernard.hennebert@consoloisirs.be



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