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Rubrique "À l'écoute des usagers du temps libre" de Bernard Hennebert

N°10 | Impérialisme français
Le Ligueur du 6 novembre 2002

Pour ne pas interdire la diffusion de certains programmes à la télévision, il faut mettre en place et faire respecter des mesures de prévention qui protègent les publics fragiles dont celui des enfants. Hélas, en Communauté française, on pourrait faire mieux et plus rapidement!

Quatre ans! C'est le temps qu'il a fallu pour ne plus permettre à la RTBF et RTL TVi de diffuser au prime time Pulp Fiction ou Millennium, alors que ces productions étaient programmées en seconde partie de soirée en France. C'est le 1er novembre 2000 que nos chaînes ont été obligées de suivre le modèle français sous l'injonction de la Ministre de l'audiovisuel Corinne De Permentier qui, du même coup, lançait une camouflet à notre Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) puisque les deux avis avalisés par notre organe de régulation faisaient silence sur ces horaires de diffusion à imposer aux chaînes(1).

Deux signalétiques

Ainsi, la Communauté française a repris à son compte le "signalétique jeunesse" made in France et toutes ses implications.

Aujourd'hui, le CSA français décide, pour le 18 novembre prochain au plus tard, d'en modifier les pictogrammes. Fini donc, les carrés, les cercles, les triangles. Désormais, ce seront des chiffres qui apparaîtront à l'écran et indiqueront l'âge en-dessous duquel il est déconseillé de regarder le programme signalé: -18, -16, -12 et -10. Cette évolution résulte d'une consultation avec les chaînes et le secteur associatif. Même les contributions des usagers ont été suscitées. Par rapport au projet initial, on peut relever des évolutions. Ainsi, le CSA français proposait le chiffre -8 à la place du -10 qui a été retenu sous la pression des professionnels de l'audiovisuel.

Il est regrettable que la Communauté française n'ait pas été associée à ces travaux. Un début de concertation à un niveau européen, connais pas!

Les Wallons et les Bruxellois devront donc "faire avec" des pictogrammes différents, selon qu'ils regardent des chaînes de chez nous ou de l'Hexagone.

Chez nous, on n'explique pas!

Pourquoi cette évolution outre-Quiévrain? Plusieurs enquêtes réalisées par le CSA ont démontré que, si les parents sont dans leur grande majorité favorables à une signalétique, ils en mémorisaient mal les sigles.

Chez nous, une évaluation analogue traîne: annoncée dès juin 2001, elle vient enfin d'être entamée et l'annonce de ses résultats s'envisagerait au printemps 2003!

Pour pallier aux carences découvertes grâce à ces enquêtes, le CSA français, dans un premier temps, avait convaincu les chaînes hertziennes sous son autorité de diffuser à deux reprises (en 2001 et 2002) à des heures de grande écoute une campagne d'explication des pictogrammes.

Une demande analogue fut faite dès le 26 avril 2000 à la RTBF et à RTL TVi par l'Association des Téléspectateurs Actifs. En vain. Même notre Service public s'est abstenu!

Le CSA français pouvait obtenir pareille faveur parce qu'il dispose d'une grande marge de manœuvre pour se faire entendre. En effet, c'est lui qui renégocie régulièrement les conventions des chaînes. Au contraire, en Communauté française, c'est le Gouvernement qui conserve jalousement ce privilège et fragilise donc notre organe de régulation.

Deux propositions

M.Richard Miller aurait l'intention d'opter pour les nouveaux pictogrammes français qui sont effectivement plus lisibles. Notre ministre de l'audiovisuel aurait intérêt à envisager, du même coup, des solutions à d'autres problématiques liées à la signalétique.

Celle-ci s'applique, en effet, à trop peu de programmes et même l'émission "Ça va se savoir" ne doit pas être "signalée"(2). Pourquoi ne pas rendre obligatoire la signalétique à toutes les émissions ou séquences qui ne sont pas en direct (même dans le secteur de l'information)? Notre ministre pourrait également élargir la mission du CSA afin que celui-ci puisse s'opposer à toute utilisation détournée de la signalétique. Pour rappel, notre organe de régulation n'a pas remis en question AB3 à ce propos(2) alors que le CSA français a adressé, le 23 juillet dernier, sa désapprobation à TF1 suite à la diffusion sur son antenne d'une publicité pour un insecticide qui intégrait la "signalétique jeunesse" dans son scénario.

Bernard Hennebert
bernard.hennebert@consoloisirs.be

(1) Ces avis avaient été préparés par son Collège d'Avis composé majoritairement de membres effectifs qui sont "juge et partie": représentants de chaînes, de régies publicitaires, etc.
(2) Voir nos rubriques précédentes: N°2 et 5.



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