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Nos médias (N°77 / 6 janvier 2009)
Bravo, Alain Gerlache...

En Communauté française, le public peut désormais comparer chaque jour l'après "20H" sans pub de France2, France3 ou France5 et “notre” RTBF ou nos télévisions locales assiégées par les annonceurs. De plus, nous entrons en campagne électorale et cette thématique en constituera l'un des enjeux.

Alain Gerlache l'a bien compris et, le lundi 15 décembre dernier vers 23H sur La Une, son émission “Intermédias” a enfin mis fin au silence ou aux présentations propagandistes (en faveur du maintien de la pub) qui étaient le lot de la RTBF pendant ces dernières années stratégiques au cours desquelles le gouvernement a décrété l'augmentation des ressourses venant des annonceurs et donné le feu vert à des techniques de présentation qui n'étaient permises jusque là qu'aux chaînes privées (comme “l'écran partagé” qui empêche désormais une lecture aisée des génériques qui clôturent les films).

Procureur excommunié

La botte secrète du CDH étant l'éducation aux médias (on martelle qu'il faut en faire mais le contrat de gestion élaboré par la majorité, dont le CDH, est si flou que la RTBF n'est pas obligée d'en programmer, et n'y consacre d'ailleurs aucune émission spécifique), on peut s'étonner que Véronique Salvi, qui représentait le parti humaniste à ce débat, n'a pas pris le temps d'expliquer aux téléspectateurs que la RTBF semble d'accord d'abandonner son rôle éditorial en laissant les partis eux-mêmes choisir qui ils “invitent” à participer à ses débats(1).

En fait, ce n'est pas Alain Gerlache mais bien la direction du CDH qui a “interdit” à son parlementaire Jean-Paul Procureur de débattre à la RTBF, lui qui justement mène régulièrement pour son parti le travail parlementaire à la Commission de l'audiovisuel de la Communauté française. Il est vrai que cet ancien animateur du service public (“Cartes sur table”) connaît bien son sujet et sa réflexion l'a mené à prendre position pour entamer une réflexion sur la diminution de la pub ertébéenne, ce qui semble rester un “sacrilège” aux yeux des Milquet ou Corbisier qui ont décidé, sur ce thème, de l'”excommunier” (méprisant ainsi l'électorat de Mr Procureur) au profit de Madame Salvi qui ne participe pas aux travaux sur la RTBF de la Communauté française puisqu'elle est députée fédérale. Comme l'a indiqué malicieusement "Pan": "Au CDH, on aime la liberté de ton des journalistes quand il s'agit de leur faire rapporter des voix au parti. Mais quand ils l'ouvrent...".

Le public doit être informé

Et si l'on pratiquait l'éducation du public... au cours de cette émission où chacun critiqua le fait que le Président Sarkozy s'est arrogé le droit de nommer le président de France Télévisions, on aurait dû au moins rappeler que c'est le gouvernement qui nomme l'administrateur général de la RTBF! La paille et la poutre... Cela n'a pas été clairement dit alors que les téléspectateurs ont pu découvrir l'explication de ce fait quelques jours plus tôt sur France5 dans l'émission de Paul Amar, “Revu et corrigé”.

L'apport principal d'”Intermédias” aura été de montrer que, dans ce dossier, le grand enjeu des mois à venir sera de savoir si, oui ou non, la Communauté française va organiser et financer une enquête de type scientifique sur la thématique de la diminution de la pub ertébéenne et de la recherche de financements compensatoires(2). Désormais, même Bernard Cools (qui représentait le monde publicitaire lors de ce débat télévisé) est pour.

Reste le PS et le CDH (sans Jean-Paul Procureur)... Il est quand même incroyable qu'un parti qui se prétend humaniste tente de verouiller un débat démocratique en refusant jusqu'à présent la réalisation d'une recherche préalable de type universitaire pour éviter que la discussion ne débouche, comme cela a été le cas jusqu'à présent, que sur des noms d'oiseaux, ceux qui remettent en question la politique du gouvernement étant mis arbitrairement tous dans le même sac et traités injurieusement en public et à plusieurs reprises par la Ministre Laanan de "bobos"! Quel faible argumentaire...

Si la présence publicitaire est actuellement tellement remise en cause sur le service public, il doit bien y avoir une ou plusieurs raisons. La faiblesse d'”Intermédias” fut de ne pas avoir consacré un reportage à ce thème. Aujourd'hui, plus personne ne décrit, pour prendre un exemple, les méfaits du développement catastrophique de l'”obésité” incité notamment par tant de messages d'annonceurs diffusés sur le petit écran, ni ne rappelle ce qu'elle occasionne comme coûts à la collectivité... Et où le vaste public peut-il découvrir, si l'émission d'Alain Gerlache n'investigue pas ce sujet, comment concrètement la présence des publicitaires influence le choix des priorités programmatiques de la RTBF ou l'élaboration des horaires de diffusion (également dénoncée par Mme Salvi)?

Bernard Hennebert
bernard.hennebert@consoloisirs.be

(1) Certains objectent valablement qu'il est préférable que les partis choisissent eux-mêmes leurs débatteurs car il ne faut pas faire confiance dans les objectifs des diffuseurs si souvent avides de fortes audiences, certains d'entre-eux ne cherchant à inviter, semaine après semaine, que les personnalités les plus médiatiques. Il me semble que l'important, quelque soit l'option choisie, doit être l'explication des règles du jeu au public. Ainsi, chaque semaine, ne serait-il pas indispensable d'indiquer les noms de toutes les personnalités qui ont refusé de débattre ainsi que leurs raisons invoquées?
(2) Au cours de ce débat, il a beaucoup été question de taxer non pas les chaînes privées comme en France mais bien le monde publicitaire et que pareil objectif pourrait intéresser les flamands pour développer les moyens de la VRT. Le député Josy Dubié (ECOLO) a même cité à l'antenne une interview parue dans "Le Journal du Mardi" (du 05/02/2008, page 10) où Richard Miller, l'ancien Ministre de l'audiovisuel libéral, déclarait d'une manière assez étonnante: "On pourrait aussi taxer le marché publicitaire lui-même".



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