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Nos médias (N°15 / 27 juin 2006)
Les pubs sont à l'heure, pas les programmes

Après l'heure, c'est trop tard! Mais entamer à la télé un programme avant l'heure annoncée au public est évitable. Et sinon, quel contresens, quel mépris! Le diffuseur prive ainsi d'une partie de son programme un public pour lequel précisément il le conçoit et le finance.

J'ai déposé plainte auprès du Service Médiation de la RTBF, le jour même où La Une a diffusé avec 9 minutes d'avance, le 29 avril 2006, son émission "Décode" à 12H00 au lieu du 12H09. Dans "Le Journal du Mardi" du 18 avril dernier, j'annonçais moi-même que celle-ci serait proposée vers 12H10, sur foi d'un e-mail que m'avait envoyé le responsable de "Décode", Vincent Godefroid. Cette émission était fort attendue puisqu'elle allait aborder le reportage de "Questions à la Une" qui s'interrogeait de la validité scientifique des miracles. Cette séquence avait suscité un déluge de plaintes d'usagers à la RTBF, de nombreux courriers de lecteurs dans la presse écrite ainsi qu'une réaction officielle de la hiérarchie catholique. Le 27 avril, "La Libre Belgique" titrait "L'église veut un vrai débat" et annonçait également la diffusion de l'émission à 12H10.

Françoise de Thier, responsable du Service Médiation de la RTBF, me répond le 30 mai, dans les délais prescrits (trente jours ouvrables). L'émission dont le format prévu est de 26 minutes durait 37 minutes 54. Enregistrée en après-midi la veille de sa présentation à l'antenne, elle a été montée entre 17h00 et 21h00: "C'est à l'issue de la postproduction que la demande de diffuser cette émission d'une durée exceptionnelle a été faite à la responsable de continuité de La Une. Elle était justifiée par l'intérêt du débat et la difficulté d'effectuer plus de sept minutes de coupes dans l'enregistrement".

Mais alors, que faire? Fallait-il nécessairement avancer l'heure de démarrage de l'émission? "...Il y avait lieu de respecter d'une part le pivot horaire de démarrage des titres du JT et du JT de la mi-journée et d'autre part, les obligations contractuelles de la RTBF en matière d'écrans publicitaires et de séquences parrainées (écran pub = 3'22'', Air de famille = 1'54'', rapports de l'Euromillions = 1'31''). Les auto-promotions (programmes de La Une et de La Deux) auraient pu être supprimées mais leur durée totale (1'33'') était insuffisante pour compenser celle de "Décode". Tenant compte de ces éléments, la responsable de continuité a accepté le principe du démarrage de l'émission à 12h00 au lieu de 12h09".

Dans ma plainte, j'indiquais que cette dérégulation indiquait que la RTBF attache plus d'intérêt à ses annonceurs qu'au confort des usagers, ce qui prouvait une fois de plus que la publicité influence la configuration des programmes. Mme de Thier commente ainsi cette hypothèse: "C'est une interprétation qui est le reflet d'un choix idéologique. La RTBF le respecte mais ne pourrait mettre en péril l'exécution de ses obligations et missions, notamment en matière de production pour lesquelles l'apport de recettes commerciales est indispensable, au nom de principes aussi honorables soient-ils".

À quoi sert le télétexte?

Dans le même courrier, je constatais également le fait que le jour même de la diffusion de l'émission, le télétexte de la RTBF continua tout au long de la matinée d'indiquer l'horaire de diffusionerroné.

La réponse de la RTBF s'apparente à de la langue de bois car elle y fait judicieusement l'amalgame entre les annonces destinées à la presse écrite envoyées bien entendu avant la décision du remaniement de l'horaire et les mentions de son télétexte que la RTBF peut faire évoluer beaucoup plus aisément: " Les mises à jour du service presse destinées à la presse écrite, au site Internet et au télétexte sont fournies grâce aux adaptations, plusieurs fois par jour, des conduites de programmation destinées à la régie de diffusion. Encore faut-il que des modifications de programmation comme celle de l'heure de démarrage de "Décode" interviennent en temps utile pour pouvoir être prises en compte et à un moment où le personnel nécessaire à la mise en œuvre des mises à jour soit présent. Ce n'était pas le cas".

Cet accroc avec l'horaire annoncé n'est pas un fait isolé. Il est particulièrement contreproductif de diffuser avant l'heure prévue la "première" d'une émission pour laquelle un nouveau public est susceptible d'être intéressé. Et pourtant, le 15 janvier dernier, la RTBF a présenté son premier numéro de "Ma télé bien aimée" à 22H00 alors que la presse l'annonçait à 22H10 et que son télétexte l'affichait erronément à 22H12!

J'ai proposé à Mme de Thier un moyen technique pour remédier à cette situation: "Pourquoi n'adapterait-on pas sensiblement une disposition existant actuellement dans le contrat de gestion mais point respectée par la RTBF: "L'entreprise s'engage à réserver un créneau de nuit pour la diffusion de courts-métrages, libres de droits, d'étudiants réalisateurs issus d'écoles de la Communauté Wallonie-Bruxelles". Cette collaboration des étudiants pourrait connaître ainsi des heures de diffusion plus favorables à condition que ceux-ci se lancent dans la réalisation de nouveaux programmes courts, imaginatifs, dans la lignée du petit train qui cheminait cahin-caha sur le petit écran, au siècle dernier, pour faire patienter les téléspectateurs. Il y a matière là à exciter l'imagination de nos jeunes créateurs...".

Celle qui signe sa réponse en tant que "Responsable du Service Médiation" ne se positionnera pas par rapport à cette suggestion car: "Vous le savez, je ne suis pas "Médiatrice de la RTBF". Cette fonction n'existe pas en tant que telle au sein de la RTBF et aucun des textes portant statut et règlement ne prévoit la mise en place d'une telle fonction".

Ainsi, le Service public refuse de dialoguer avec des usagers qui émettent des propositions concrètes pour mettre fin à l'un ou l'autre de ses dysfonctionnements... et trompe effrontément son public en dénommant "Service Médiation" un bureau de relation avec ses auditeurs et téléspectateurs qui n'envisage aucun travail de médiation avec eux! Comme appellation équivoque, il est difficile de faire mieux.

Bernard Hennebert
bernard.hennebert@consoloisirs.be



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